Muzdalifa et jamarates

On arrive la nuit dans une plaine deja peuplée de pèlerins, installés. Je me demande comment les organisateurs arrivent à se repérer, nous, on les suit. On arrive à un endroit où il y a suffisament de place pour que notre groupe puisse s'installer. Côté soeurs, on délimite chacune notre place avec notre sac de couchage. Mon mari m'a donné le sien vu que j'avais "perdu" le mien la veille. Je précise qu'on dort à la belle étoile et que les hommes sont vêtus de leur seul habit d'ihram, à savoir 2 pièces d'étoffes qui ressemble à du tissu éponge. Heureusement, ce soir-là, il ne faisait pas froid, du moins, à mon avis. Il n'a ya pas de matelas, sauf pour ceux qui les ont amenés. Certains se sont même équipés de petite tente, qui ne se vendait pas très cher un peu partout. Mais il faut avoir le courage de tout transporter!

Le sol est désertique, il y a donc des cailloux partout. On en profite pour ramasser des petits cailloux (pas plus gros qu'un pois chiche) pour préparer le rite du lendemain, jamarate. Qu'est-ce que j'appréhendais!

Une fois installées, les organisateurs nous "barricadent" d'une espèce de cloture, genre un parc en plastique tout autour de nous. On n'a pas trop compris, mais c'était sûrement de bonne volonté pour nous protéger des regards ou qu'on nous écrase la tête pendant qu'on dort. Sauf qu'autour de nous, il n'y avait que nous qui avait ce genre de "protection". Alors on voyait les gens qui passaient leur tête avec un regard amusé. Nous aussi, on était amusées, on a bien rigolé. Petite anecdote : je sais pas ce qu'on inspirait aux autres pèlerins, peut être de la sympathie car un groupe de pèlerins turcs faisait les vas-et-viens pou nous offrir des kilos de fruits, de légumes, de pain, gateaux, des couvertures, des oreillers. La scène était caucasse et nous avons passé une excellente fin de nuit, ou début de jour, je ne sais pas ce qu'il faut dire!

A savoir, pour les personnes âgées ou les femmes, les gens maladse ou faibles : il y a possibilité de quitter le campement dans la nuit pour aller se reposer plus confortablement dans les tentes à Mina. Donc, certains sont partis sous les coups de 2h du matin. Nous, nous sommes restés et nous avons dormi jusqu'au petit matin. Réveil : impression bizarre : on est où?

On découvre la plaine de Mouzdalifa à la lumière du jour, les rochers qui l'entoure. Certains sont montés tout en haut pour filmer ou prendre des photos. Beaucoup beaucoup de monde. Moi, je suis la dernière à me lever tout autour de moi les soeurs ont déja pliés bagage. Je me dépêche d'aller faire mes ablutions et prier fajr. D'ailleurs, derrière nous, il y avait un groupe de turcs qui priaient, avec haut parleur, et enchainait des dou3as.

Là, on doit se rendre à Mina et aller jeter les pierres (jamarates). D'abord, trouver un bus. On attend et certains décident de partir à pied. Nous, après une bonne demi-heure, si ce n'est plus d'attente, on grimpe dans un car qui nous amène à Mina, et on retrouve nos tentes. On retrouve aussi les personnes qu'on connait, et la dame qui dort en face de moi vient m'embrasser pour l'Aid. Ah oui! c'est le jour de fête! Mais on le perçoit complètement différemment ici. On l'oublierait presque. On est tellement concentrés sur les rites à faire. D'ailleurs cette dame m'annonce qu'elle a déja effectué la lapidation de la grande stèle. Comme je l'envie! Déja! J'ai en souvenir l'épisode qui a fait tellement de morts lors de la bousculade. Mais je tiens à le faire (on peut déléguer une personne de jeter les pierres à notre place).

Certains sont déja partis. Moi, j'attends que zawji m'appelle et j'en profite pour me reposer. Une fois qu'il m'appelle, j'y vais comme si je partais au front! Je demande à la dame qui a déja été de me dire "qu'Allah te facilite". Elle esquisse un large sourire.

Et bien, plus de peur que de mal!!!! On part en groupe, avec les organisateurs. On marche pas mal. Heureusement qu'on nous avait prévenu de prendre de l'eau. Grâce aux récents travaux, il n'y aucune bousculade, la densité des personnes se régule hyper bien aux abords de la grande stèles. Ce sera pareil pour les jours suivants où il faudra lapider les 3 stèles : grande, moyenne et petite.

Les jamarates demeurent un des instants les plus forts de mon hajj. Déja, lorsqu'on jette les pierres devant le mur et qu'on termine, c'est très émouvant. Mais ça ne dure pas longtemps!! On voudrait jeter plus de pierres pour prolonger cet instant! si si!! Une émotion nous envahit, les larmes aux yeux et une grande satisfaction. D'ailleurs, j'ai remarqué que chaque personne qui termine de jeter les pierres repart avec un large sourire. Et j'en faisais partie aussi.

Les jours d'après, on faisait les aller retour de nos tentes à Mina jusqu'aux jamarates ou de notre hôtel jusqu'aux jamarates et l'émotion de se trouver avec les millions de pélerins reste unique. Très très fort moment. Instant mémorable où je me suis mis (via le digicoran) les dou3as dans mes oreilles récitées par Sudais, en train de marcher avec tous ces hommes et ces femmes venus accomplir le 5e pilier de l'islam, c'est impossible de retenir ses larmes.

Voici un résumé très succint de Mina et Muzdalifa, vu par mes yeux et mon coeur. Je tiens toutefois à vous dire que ce que j'écris n'est que mon ressenti et concernant les rites, il faut bien tout vérifier.

J'ai pris des photos de ces étapes mais comme on y voit beaucoup de personnes, je ne peux pas les mettre sur le blog. Pour me rattraper, voici une vidéo qui illustre ce qui m'a tant marqué : lorsqu'on se dirige tous et toutes vers les stèles ; les rues sont remplis de monde à perte de vue, toutes les artères sont peuplées de pélerins : ceux qui viennent, ceux qui repartent, c'est hyper impressionnant et rien d'autre que la présence sur place (vidéo ou photos) n'est plus émouvant et impressionnant.

http://www.youtube.com/watch?v=wMiQ2IKiJ0s&feature=related